Prévention de la violence
La cour de récréation, espace de socialisation
La cour de récréation est un espace bien particulier, à la fois dans l’école ou le collège et à la marge de ceux-ci. Elle constitue un lieu d’apprentissage du lien social dans lequel le jeu tient une place prépondérante. C’est l’équilibre entre cet espace de liberté et les exigences du respect des règles de civilité que les adultes des équipes éducatives doivent s’attacher à maintenir.
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L’attention des responsables éducatifs est régulièrement appelée sur les « jeux » dangereux et les pratiques violentes qui se déroulent au sein des écoles et des établissements scolaires, mais aussi à l’extérieur.
Si l’on ne peut connaître actuellement avec certitude le nombre d’enfants et d’adolescents qui s’adonnent à ces « jeux » dangereux et à ces pratiques violentes, ces phénomènes sont récurrents. Tout en veillant à ne pas dramatiser les faits, il convient de tout mettre en œuvre pour qu’ils ne soient pas niés ou masqués.
Ce document, fruit du travail d’experts, enrichi d’expériences déjà engagées sur le terrain par des équipes éducatives et par des associations s’inscrit dans le cadre d’une démarche globale de prévention.
Plus que jamais, l’École, lieu d’échanges, doit offrir aux élèves, à toutes les étapes de leur scolarité, et à leurs parents les moyens de mieux appréhender les questions liées au respect dû à la personne humaine et aux comportements à risques.
Ces conduites à risques doivent être l’objet d’une prévention active. Il convient de tout mettre en œuvre pour que ces pratiques soient à la fois connues, et prévenues afin qu’aucun enfant n’en soit plus victime.
Les « jeux » de non-oxygénation p.5 > Description p.5 > Conséquences physiques et psychologiques p.5 > Facteurs associés p.6
Le happy slapping p.7 > Conséquences physiques et psychologiques p.8 > Facteurs associés p.8
Quelques chiffres p.9
Pour les « jeux » de non-oxygénation p.10 > Signes physiques p.10 > Signes comportementaux p.10
Pour les « jeux » d’agression p.11 > Signes physiques p.11 > Signes comportementaux p.11
Les prises de risques :
de l’enfance à l’adolescence p.12
Quel message transmettre ? p.13
Délivré par qui ? À qui ? p.13
ou d’accident p.14 > Soutenir en premier lieu l’élève victime p.14 > Engager une démarche de prévention p.14 > Aborder l’accident ou l’incident avec les élèves p.15
Le devoir de surveillance p.15
On distingue deux types de « jeux » dangereux et de pratiques violentes : les « jeux » de non-oxygénation et les « jeux » d’agression. Leur identification est rendue difficile par les multiples appellations données par les enfants et adolescents, alors qu’il s’agit souvent d’une même pratique ou de la recherche de mêmes effets.
> Description Les « jeux » de non-oxygénation ou d’asphyxie, de strangulation, de suffocation sont appelés de plusieurs noms : trente secondes de bonheur, rêve bleu, rêve indien », « jeu » du cosmos, « jeu » des poumons, « jeu » de la tomate, de la grenouille... Le plus connu est le « jeu » du foulard.
Cetypede«jeu»consisteàfreinerl’irrigationsanguineducerveauparcompressiondescarotides,dusternumoudelacagetho-racique,pourressentirdessensationsintenses,desvisionspseudo-hallucinatoires.Danslaplupartdescas,iln’existepasderôledéfinientantquevictimeouagresseurcarlarelationpeuts’inverser:l’étrangleurdevientalorsl’étranglé.Cependant,ilaétérapportéquecertainsjeunesontpratiquéce«jeu»souslacontrainteoulapres-siond’ungroupe.Maisl’enfantpeutaussireproduireseull’étran-glementgrâceàunlienquelconque,avecunrisqueaccrudestran-gulationetdependaisondontlesconséquencessontirréversiblespuisque,commeilestseul,personnenepourraleréveiller.
> Conséquences physiques et psychologiques Les symptômes post-anoxiques (privation sévère d’oxygène) sont nombreux et variables selon la durée de l’anoxie. Celle-ci peut aussi conduire à un coma profond, voire à la mort. Le risque de mort est d’autant plus grand que l’enfant reproduit ce « jeu » seul à son domicile. La pratique intensive et répétée du « jeu du foulard » peut alors être à l’origine d’un véritable comportement de dépendance, qui pousse l’enfant ou le jeune à rechercher toujours plus de sensations par le biais de l’auto-asphyxie.
> Facteurs associés Selon les résultats de plusieurs études menées à partir d’une pratique clinique et de recherches internationales, ces « jeux », bien que comportant un risque mortel indéniable, sont pratiqués par des jeunes qui ne sont pas décrits comme suicidaires. Bien au contraire, ces jeux sont utilisés pour éprouver des sensations intenses qui donnent aux jeunes un sentiment d’existence. Ils se mettent en danger, sans avoir réellement conscience, ni penser aux conséquences négatives de ces pratiques. Les jeunes qui recherchent ce type de « jeux » ressentent un attrait pour d’autres comportements à risques : expérimentation des toxiques, prise de risque en véhicule motorisé, dans le domaine sportif…. Ils sont souvent décrits comme « casse-cou », curieux, vifs et aimant les nouvelles expériences, même si elles sont dangereuses ou interdites.
On note 3 types de profils parmi ces jeunes : les occasionnels, les réguliers et les sujets les plus fragiles.
> Les occasionnels : ils sont motivés par la curiosité ou agissent sous la contrainte de l’effet d’un groupe. > Les réguliers : ils recherchent surtout des sensations et sont souvent amenés à pratiquer à domicile. Le danger est que cette excitation entraîne, dans certains cas, l’apparition d’un certain degré de dépendance.
> Les sujets suicidaires et/ou ayant une personnalité fragile :
ils sont très rares mais, dans ce cas, le risque d’accident et de décès est très élevé. Ils pratiquent souvent le « jeu », plusieurs fois par semaine, voire par jour, et présentent une symptomatologie dépressive.
>DescriptionLedénominateurcommundes«jeux»d’agression(hétéro-agres-sifs)estl’usagedelaviolencephysiquegratuite,généralementparungroupedejeunesenversl’und’entreeux.Ondistinguelesjeuxintentionnelsetlesjeuxcontraints.
Tous les enfants participent de leur plein gré aux pratiques violentes.
Quelques exemples de ce type de « jeu » :
Le « jeu » du cercle infernal, le « jeu » de la cannette, le « jeu » du mikado, le bouc émissaire, le petit pont massacreur ou la mêlée, le jeu du jugement, le petit pont boulette, la tatane… Le principe est toujours le même. Au sein d’un cercle de jeu, un objet est lancé ; le joueur qui ne le rattrape pas devient la victime et est alors roué de coups par les autres joueurs.
L’enfant qui subit la violence du groupe n’a pas choisi de participer. Il est clairement identifié comme une victime puisqu’il n’a pas donné son consentement. .
Quelquesexemplesdeces«jeux»contraints:-le«jeu»descartonsrouges,le«jeu»delaronde;-le«jeu»delamortsubiteoudelacouleur:unenfant
qui porte le plus grand nombre de vêtements de la couleur désignée le matin est frappé et humilié toute la journée ;
-le«jeu»dutaureau:ungrouped’enfantsoud’adolescentsfoncent,têtebaissée,surunenfantdésigné;
-le«jeu»deBeyrouth:desenfantsdemandentàunautrelacapitaleduLiban.Sil’enfantnesaitpasrépondreàcettequestion,ilestfrappésursespartiesmasculines;
-le«happyslapping»,enfrançais«joyeusesclaques»:ils’agitd’unepratiqueconsistantàfilmer,àl’aidedesontéléphoneportable,uneagressionperpétréeparsurprise,puisdeprocéderàladiffusiondecesimages.Cettepratique,outrelesviolencesphysiques,viseégalementàporteratteinteàladignitéetàl’imagedelavictime.
Le « happy slapping »
Le « happy slapping » consiste à enregistrer et à diffuser des images
de violence.
Les nouvelles dispositions législatives prévues par la loi du 5 mars 2007
relative à la prévention de la délinquance (article 222-33-3 du code pénal),
précisent les peines encourues par les auteurs de ces infractions.
3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende
Ces sanctions sont particulièrement lourdes puisque toute violence, même légère, est punie de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende, dès lors qu’elle est commise sur un mineur de moins de 15 ans, une personne vulnérable ou une personne chargée
d’une mission de service public, comme un enseignant.
Sont également punis par la loi :
> le fait d’enregistrer et de diffuser des images de violence ;
> le fait de diffuser l’enregistrement de telles scènes.
Ces infractions sont très largement le fait de lycéens et même de collégiens. Aussi convient-il de sensibiliser les élèves et leurs parents à la gravité de ces actes et de les informer des sanctions auxquelles s’exposent leurs auteurs.
Un diaporama simple et compréhensible par tous est mis à disposition
des équipes éducatives, parents et partenaires, sur le site Eduscol :
http://eduscol.education.fr
> Conséquences physiques et psychologiques Qu’ils soient intentionnels ou contraints, ces jeux peuvent avoir des conséquences graves et diverses : hématomes, fractures, séquelles neurologiques, voire mener à la mort. Les victimes de ces jeux peuvent présenter des manifestations psycho-traumatiques – troubles du sommeil, reviviscence de l’événement traumatique, idées noires – ainsi que des symptômes anxiodépressifs susceptibles d’évoluer vers l’apparition d’une phobie scolaire, de pensées suicidaires, avec parfois des passages à l’acte.
> Facteurs associés Il existe peu de travaux portant sur les enfants agresseurs et sur les enfants victimes de ces « jeux ». Toutefois, plusieurs études ont permis de confirmer certaines caractéristiques, qu’il s’agisse des victimes et/ou des agresseurs.
Ce sont généralement des enfants anxieux, timides, soumis, qui apparaissent comme des proies faciles. Ils ne se défendent pas et deviennent très rapidement des boucs émissaires. D’autres victimes, à l’inverse, ne sont pas timides mais possèdent certaines qualités, sur le plan physique, scolaire, socio-économique…, qui peuvent attiser la jalousie et l’excitation. Elles peuvent aussi se présenter comme provocatrices.
Dans leur très grande majorité, il s’agit surtout de garçons. Les filles peuvent, elles aussi, exercer une violence, même si celle-ci se manifeste surtout sur le plan psychologique ou émotionnel. Parmi ces agresseurs, on peut distinguer deux profils : les agresseurs actifs et les agresseurs passifs.
-Les agresseurs actifs et/ou initiateurs, sont décrits comme des enfants dominateurs et charismatiques qui présentent parfois un trouble du comportement antisocial se traduisant par de fréquentes attitudes transgressives et violentes. Ce sont des enfants souvent repérés comme ayant un fort besoin de sensations fortes, une grande impulsivité, une tendance à s’emporter.
-Lesagresseurspassifsneprésententpasdetellescarac-téristiques.Ilssontsurtoutentraînésparl’effetdegroupequilespousseàdevenirviolentssousleregarddeleurscamaradesetduleadercharismatique.Certainsd’entreeuxpeuventprésenterunprofildepersonnalitédépen-dante,manquantd’assurance.Dèslors,lapeurderepré-saillespeuts’avérerparticulièrementefficacesurcesjeunes.
Quelques chiffres sur les jeux de non-oxygénation
On ne peut dire avec rigueur combien de jeunes s’adonnent
à ces « jeux » dangereux ni, a fortiori, combien en sont morts.
Les résultats d’une enquête récente réalisée par le SMUR pédiatrique (service mobile d’urgence et de réanimation) Necker-enfants malades auprès des SAMU de France et des SDIS (services départementaux d’incendie et de secours) donnent les résultats suivants :
> 63 SAMU (sur 97) et 48 SDIS (sur 91) ont répondu.
> Pour l’année 2005 :
-9casontétérapportésdanslesdépartementsdel’Ain,del’Aveyron,desYvelines,desHauts-de-Seine,etduVal-de-Marne;
-toussontdesgarçonsâgésde7à16ans;-6sontdécédés(1surplace,5enréanimation).
> 5 cas ont été signalés pour l’année 2004.
Ce recensement ne fait apparaître que les enfants et adolescents
victimes de ces pratiques dont l’état a nécessité une prise en charge médicale.
Toutefois, selon les associations de parents d’enfants victimes
de « jeux » de non-oxygénation, les chiffres seraient nettement supérieurs. En effet, ce type de jeu se pratique hors du contrôle des adultes et ses conséquences sont souvent interprétées en terme « d’accidents ».
Les décès sont généralement assimilés à des suicides (ex. pendaisons).
La connaissance des signes d’alerte est une information importante à donner aux adultes. Il convient de garder à l’esprit que l’apparition de l’un ou plusieurs de ces signes ne signifie pas que l’enfant ou l’adolescent s’adonne obligatoirement à l’un de ces jeux. Il ne s’agit là que de rassembler un certain nombre d’éléments d’information, d’alerter sur la convergence de signes destinés à favoriser une certaine vigilance des adultes sur ces pratiques.
POURLES«JEUX»DENON-OXYGÉNATION,
ONPEUTRETROUVERLESSIGNESPHYSIQUESETCOMPORTEMENTAUXSUIVANTS
-tracesrougesautourducou;-jouesrouges;-violentsmauxdetêteàrépétition;-troublesvisuelspassagers(mouchesvolantes,
visionfloue…);-bourdonnementsd’oreilles,sifflements;-fatigue;-défautdeconcentration,oublis,absencesbrèves
de la conscience, défaut de la mémoire récente.
-découverted’unfoulard,d’uneécharpe,d’unecorde,d’uneceinture,d’unlienquelconque,quel’enfantgardeetveutgardersurluienpermanence,ouquitraînesansraisonauprèsdelui;
-agressivitésoudaine,violenceverbale
et/ouphysique;-isolement,replisursoi;-questionsposéesparl’enfantsurleseffets,
les sensations et les risques de la strangulation.
DE SIGNES PEUT ALERTER SUR UNE ÉVENTUELLE
PARTICIPATIONACTIVEOUPASSIVEDEL’ENFANT
À CE TYPE DE JEU
-blessures,tracesdecoups,vêtementsabîmés,vols;-manifestationsneurovégétatives-somatiques:sueurs,tremblements,douleursabdominales,nausées…
-présencedemanifestationsanxieuses:troublesdusommeil,refusd’allerenclasse…-agressivitésoudaine,violenceverbaleet/ouphysique.
Ce travail d’investigation est d’autant plus nécessaire que la demande d’aide de la part des victimes de ces « jeux » dangereux est rarement orientée vers les adultes, et surtout vers les parents. Aussi le repérage de ces signes est-il une priorité pour ceux-ci comme pour les professionnels (personnels enseignants, sociaux et de santé, éducateurs, psychologues…)..
Les prises de risques : de l’enfance à l’adolescence Patrice HUERRE, psychiatre Grégory MICHEL, professeur de psychopathologie
«La prise de risque existe dès l’enfance, alors qu’elle semble surtout présente à l’adolescence. Dans la plupart des cas, il s’agit d’un non contrôle du comportement, d’une agitation non régulée, qui conduisent l’enfant à se mettre en danger en grimpant, en sautant, avec, à la clé, le risque d’accident. Progressivement, de par ses expériences, l’enfant prendra davantage conscience de ses aptitudes, mais aussi des conséquences de ses actes, alors que, le plus souvent, il y a une méconnaissance des risques. Rappelons aussi qu’avant l’âge de 8 ans, l’enfant n’a pas une conscience claire de la notion de mort, et surtout de son caractère irréversible, donnant ainsi à ces conduites une signification différente de celles mises en place chez l’adolescent.
C’est, pour l’adolescent, une manière d’explorer ses capacités nouvelles et le monde environnant. Il s’agit de mettre à l’épreuve ce qui a été expérimenté auparavant, dans l’enfance, pour s’approprier les limites de ses possibilités actuelles et de ce qui est accepté par la famille, l’école, la société. Il convient donc de reconnaître la prise de risque comme une manière habituelle d’être à l’adolescence. Plus le jeune aura des bases bien établies et une image de lui-même acceptable, moins les mises en danger seront nombreuses ou importantes.
Toutefois,cesrisquespeuventparfoisprendrelaformed’agissementsmettantendangersapropreexistence,quecesoitenraisond’unevulnérabilitéindividuelleoudefacteursd’entraînementparungrouped’appartenance,facteurstrèsinfluentsàcetâge:laconduitedangereused’enginsàdeuxroues,l’expérimentationdel’alcooloudedroguesensontdesexemples.Les«jeux»dangereuxetlespratiquesviolentesrelèventégalementdecesconduitesàrisques.Dansunecertainemesure,laprisederisquepeutêtreappréhendéecommeuneconduitesociale:ellepermetàl’adolescentd’existerauxyeuxdesescamarades,ellerelèveduritedepassagedel’enfanceàl’adolescence,maisaussietsurtout,ellepeutêtrecomprisecommeuneconduiteoùlejeune,defaçonréactionnelle,recherchesonindépendance,sonautonomie.Danscetteperspective,laprisederisquedevientlemoyendesedistinguerdesautresetn’estpaspathologique.Aucontraire,ellesignelebesoindegrandir,deprendredeladistancevis-à-visdesesparents,dumondeadulte.Àl’inverse,onpourratoutaussibiensemontrervigilantvis-à-visdesjeunestropsilencieux,tropsolitaires,quisemblentévitercetteconfrontationaurisque.Eneffet,prendredesrisquesàl’adolescence,c’estaussichercheràsesentirexister.Enconclusion,silaprisederisqueàl’adolescenceestnécessaire,ilfautêtreattentifauxdérivespossibles:cesconduitesetces«jeux»sedéroulententrejeunes,àl’abridesregardsdesadultesetsansaucuncontrôleniencadrement,alorsqu’ilsprésententunvéritabledanger.»
L’interventionenmilieuscolaire,décidéeparledirecteurd’écoleetl’inspecteurdel’Éducationnationale,responsabledecirconscription,oulechefd’établissement,sedoitd’êtreintégréedanslecadred’unepréventionglobaledesconduitesàrisques.Plusieursexpériencesontdéjàdémontréàquelpointlesinterventionsauprèsdesenfantsnepeuventdonnerpleinementleureffets’iln’yapasunedémarchederéflexionetdemiseencohérencedesadultes,parentsetmembresdelacommunautééducativedanssonensemble.
Lemessagedoitapporterlaconnaissancedessignesd’alertesurcespratiques(cf.p.10),rappelerlesdangersquiysontliés(cf.p.5à8).Ildoitégalementintégrerdesélémentsdecom-préhensionsurcequisejoue,auxdifférentsâges,entermesderecherchedesoietdeseslimites(cf.p.12«Lesprisesderisques»).Ildoitaussiêtreajustéàlagravitédelasituation.Eneffet,iln’existepasunseultypedemessagepourtouteslessituations.
L’information doit être fiable et adaptée. Elle peut être apportée par des adultes de l’institution (directeur d’école, chef d’établissement, enseignant, conseiller principal d’éducation, médecin, infirmier(ère), assistant(e) de service social, psychologue scolaire...) ou par des professionnels extérieurs, à condition que leur qualification à intervenir sur le sujet soit bien établie préalablement.
Cetteinformations’adresseavanttoutauxadultesderéférencedel’enfant,c'est-à-direauxparents,maiségalementauxprofes-sionnels:membresdelacommunautééducative,représentantsdesmilieuxassociatifs,sportifs…Elleconstitueunpréalableindispensablepourqueceux-cipuissentpoursuivreledialogueaveclesélèvesetpourquelesparentspuissent,demanièreindividualisée,répondreauxquestionsdeleurenfantet/ouadolescent.
C’est seulement après qu’une première réflexion s’est engagée avec les adultes que l’on pourra envisager, si cela s’avère nécessaire, une intervention en direction des élèves eux-mêmes. Cette intervention doit être mise en place soit après un accident ou un incident, soit après qu’un membre de l’équipe éducative a repéré de telles pratiques ou initiations à ces pratiques. Elle doit répondre également à la demande de parents ou d’autres partenaires accueillant des enfants, dans un cadre péri scolaire par exemple.
Le directeur d’école ou le chef d’établissement doit, en cas d’incident ou d’accident lié à ces pratiques, mettre en œuvre deux types d’intervention : d’abord auprès de l’élève victime, ensuite en direction des autres élèves.
>Soutenirenpremierlieul’élèvevictimeIlconvient:-d’apporterunsoutienimmédiatàl’élève;-deprévenirsesparents;-delesinformerqu’ilspeuventporterplainteauprèsdesservicesdepoliceoudegendarmerie,soitdirectementauprèsduprocureurdelaRépublique;-delesinformerqu’ilspeuventprendrecontactavecl’associationlocaled’aideauxvictimesadhérentesdel’INAVEM;-d’accompagnerleretourdel’élèveconcerné,parexempleendésignantunadulteréférent.
La délégation aux victimes, inaugurée en octobre 2005, a pour mission de travailler sur l’amélioration des conditions d’accueil des victimes et du public par les services de police et unités de gendarmerie. Plusieurs dispositifs se complètent désormais, avec notamment la présence, dans chaque direction départementale de la sécurité publique et chaque groupement de gendarmerie, d’un correspondant départemental d’aide aux victimes.
>EngagerunedémarchedepréventionIlconvientensuitedeprendreencomptecetypedepratiques,denepasignorercephénomène,mais,bienaucontraire,d’en-gagerunedémarchedeprévention,danslesmeilleursdélais,maissansprécipitation,enrespectantleprocessussuivant:-désignerl’adulteréférent,c'est-à-direlapersonne«ressource»;
-travaillerlecontenudel’interventionaveclacommunauté
éducative et éventuellement les partenaires extérieurs ;
-informerl’ensembledesparentsd’élèvesdecettedémarche;
-envisagersystématiquementuneinterventionenbinôme
(intervenant et membre de la communauté éducative).
Les modalités de cette intervention peuvent être préparées en
prenant appui sur le comité d’éducation à la santé et à la
citoyenneté (CESC) qui élabore, dans chaque établissement
scolaire, un plan de prévention de la violence. C’est au sein de
ce comité que doivent être identifiées les ressources qui
pourraient être sollicitées, si cela s’avérait nécessaire (adulte
référent, parents, membres de la communauté éducative,
associations…).
> Aborder l’accident ou l’incident avec les autres élèves Il faut bannir les exposés magistraux et ne pas emprunter une forme spectaculaire, comme on peut le voir dans certains traitements médiatiques de ce type de problème. Il convient en effet de ne pas donner une importance excessive à un phénomène dont encore, fort heureusement, beaucoup d’enfants n’ont pas connaissance et dont ils pourraient alors se sentir « exclus ». Il faut garder à l’esprit le risque d’incitation que pourrait alors provoquer une sur exposition de ces pratiques.
Le message adressé aux jeunes ne doit être ni incitatif, ni moralisateur. Il faut au contraire ouvrir le débat et favoriser la communication, particulièrement avec les adolescents, afin de leur permettre d’exprimer leurs éventuelles motivations à la pratique de ces « jeux ».
Il importe enfin de ne pas négliger l’impact de tels incidents ou accidents sur des tiers ou des témoins passifs qui peuvent éprouver des sentiments de culpabilité, voire de honte, à ne pas avoir pu ou su intervenir. La confusion entre délation et assistance à personne en danger ou non dénonciation de crime est très fréquente, en particulier à l’adolescence.
L’institution scolaire assume la responsabilité des élèves qui lui sont confiés. Pour l’école primaire, la circulaire n° 97-178 rappelle que le devoir de surveillance incombe aux directeurs d’école et aux enseignants. Pour les collèges, l’obligation de surveillance est précisée dans la circulaire n° 96-248 du 25 octobre 1996. Ces textes rappellent, en particulier, l’attention qui doit être portée aux moments où les élèves ne sont pas en classe, pendant les récréations et les
interclasses.
Claude Beau, magistrate, tribunal de grande instance de Paris.
Catherine Faure, contrôleur général de la police nationale, ministère de l’intérieur, délégation aux victimes.
Patrice Huerre, psychiatre des hôpitaux, chef de service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (EPS Erasme à Antony), coordinateur de la maison des adolescents des Hauts-de-Seine.
Jean Lavaud, pédiatre-réanimateur, SMUR pédiatrique-hôpital Necker-enfants malades.
GrégoryMichel,professeurdepsychopathologieetdepsychologieclinique-universitéBordeaux2,psychologueclinicien-psychothérapeute,hôpitalRobertDebré.
APEAS (association de parents d’enfants accidentés par strangulation), présidée par Françoise Cochet.
SOS Benjamin, présidée par Magali Duwelz.